Articles



LE DROIT DE L'ENFANT A L'INFORMATION


La Convention des Nations Unies sur les droits de l'enfant (article 17) reconnaît l'importance de la fonction remplie par les médias et la nécessité de veiller à ce que l'enfant ait accès à une information et à des matériels provenant de sources diverses, notamment ceux qui visent à promouvoir son bien-être social, spirituel et moral ainsi que sa santé physique et mentale

La Convention des Nations Unies sur les droits de l'enfant (article 17) reconnaît l'importance de la fonction remplie par les médias et la nécessité de veiller à ce que l'enfant ait accès à une information et à des matériels provenant de sources diverses, notamment ceux qui visent à promouvoir son bien-être social, spirituel et moral ainsi que sa santé physique et mentale.

À cette fin, les États parties :

  • §   Encouragent les médias à diffuser une information et des matériels qui présentent une utilité sociale et culturelle pour l'enfant;
  • §   Encouragent la coopération internationale en vue de produire, d'échanger et de diffuser une information et des matériels de ce type provenant de différentes sources;
  • §   Encouragent la production et la diffusion de livres pour enfants;
  • §   Encouragent les médias à tenir particulièrement compte des besoins linguistiques des enfants autochtones ou appartenant à un groupe minoritaire;
  • §   Favorisent l'élaboration de principes directeurs appropriés destinés à protéger l'enfant contre l'information et les matériels qui nuisent à son bien-être. 

Il ressort du résumé qui précède que l'article 17 de la Convention affirme le droit de l'enfant à l'information, tout en protégeant l'enfant contre toute information nuisible.  Le principe établi par la loi est entièrement justifié en ce sens que l'information peut être utile et sans danger pour les enfants, de même qu'elle peut être plutôt inutile et dangereuse.  L'important est de savoir comment appliquer le principe dans la réalité.

La télévision, par exemple, est une source d'information couramment utilisée et les parents permettent en général à leurs enfants d'avoir accès à ce média à la fois puissant et influent.  Elle offre aux enfants une masse d'informations intéressantes et enrichissantes, mais elle peut parfois véhiculer des messages violents, présenter des comportements indécents ou promouvoir des attitudes ayant une valeur éducative douteuse.

 Les enfants apprennent essentiellement par l'observation et l'imitation.  Ce processus d'apprentissage est parfois d'une rapidité extrême.  En l'espace de quelques secondes, l'enfant peut mimer un personnage de film ou de feuilleton télévisé, mémoriser un refrain publicitaire invitant les auditeurs ou les téléspectateurs à consommer telle ou telle marque de cigarettes ou

1

 

de boissons alcoolisées.  Il est donc facile de comprendre pourquoi les marques de cigarettes les plus vantées sont aussi celles que les adolescents fument le plus.

Les enfants peuvent trouver cela drôle d'imiter une pose sexy ou de répéter des propos grossiers diffusés sur les médias.  Ils peuvent ainsi adopter à un jeune âge des attitudes négatives dont ils ne parviennent pas à se défaire pendant longtemps.

La familiarisation avec la violence est l'une des principales conséquences négatives que les médias peuvent avoir chez les jeunes.  En s'habituant à la violence médiatique, les enfants finissent par adopter un comportement agressif envers les autres.  Ils apprennent à recourir à la violence plutôt qu'à la maîtrise de soi pour résoudre les conflits et les problèmes.  L'exposition à la violence dans les médias peut amener les enfants à tolérer la violence dans la vie réelle, à manquer d'égards envers les autres, voire à devenir insensibles à l'égard de la peine et de la souffrance des autres.  Les enfants qui sont habitués à la violence au cinéma et dans les séries télévisées et les jeux électroniques peuvent finir par percevoir le monde qui les entoure comme un milieu mesquin.  Les enfants sont affectés négativement, même si l'effet des médias n'est pas perceptible dans l'immédiat.  Il peut même arriver qu'ils atteignent l'adolescence ou l'âge adulte pour que la violence se manifeste dans leurs actes.

Les parents et les tuteurs doivent prendre des mesures de précaution à cet égard pour empêcher leurs enfants d'avoir accès aux programmes médiatiques indécents ou de qualité douteuse, de la même manière qui les empêche de consommer des aliments insalubres.  Les parents doivent assumer la responsabilité de veiller à ce que le droit de l'enfant à l'information ne s'exerce pas de manière à compromettre le plein épanouissement de sa personnalité.

 

ISSA TOURE

DOCTEUR EN DROIT

MAGISTRAT HORS HIERARCHIE