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LE DROIT DE L’ENFANT À LA SANTÉ


La Convention des Nations Unies sur les droits de l'enfant (article 24) reconnaît le droit de l'enfant de jouir du meilleur état de santé possible et de bénéficier de services médicaux et de rééducation.

La Convention des Nations Unies sur les droits de l'enfant (article 24) reconnaît le droit de l'enfant de jouir du meilleur état de santé possible et de bénéficier de services médicaux et de rééducation. À cet égard, les États parties s'engagent à prendre les mesures suivantes : réduire la mortalité parmi les enfants en bas âge ; assurer à tous les enfants l'assistance médicale et les soins de santé nécessaires ; lutter contre la maladie et la malnutrition, grâce à la fourniture d'aliments nutritifs et d'eau potable ; protéger les enfants contre les dangers et les risques de pollution du milieu naturel ; assurer aux mères des soins prénatals et postnatals appropriés ; faire en sorte que les parents et les enfants reçoivent des informations sur la santé et la nutrition de l'enfant, les avantages de l'allaitement au sein, l'hygiène et la salubrité de l'environnement et la prévention des accidents, et bénéficient d'une aide leur permettant de mettre à profit cette information ; développer les soins de santé préventifs, les conseils aux parents et l'éducation et les services en matière de planification familiale ; abolir les pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé des enfants.

Le droit de l'enfant à la vie est étroitement lié au droit à la santé qui lui est reconnu. Cette interaction se comprend aisément du fait que la vie et la mort ont un lien naturel avec la santé et la maladie. La santé des enfants est exposée à diverses maladies et conditions néfastes telles que les infections respiratoires aiguës, les diarrhées, la rougeole, le paludisme, le VIH/sida, la malnutrition, la mutilation génitale des femmes, le non-accès aux services de santé de base et la pauvreté.

L'épidémie de sida suscite une vive préoccupation partout dans le monde. Elle présente pour les enfants un risque sur les plans physique, psychologique et économique. Il arrive parfois que les enfants en subissent les conséquences de plein fouet, soit parce qu'ils se trouvent enfermés dans des conditions qui les exposent à un grave risque de contamination, soit parce qu'ils vivent aux côtés d'un parent malade en phase chronique et se voient obligés d'interrompre leur scolarité pour assumer des responsabilités familiales ou prendre soin du malade. Le risque de contracter le VIH/sida est accru chez les orphelins et les enfants vulnérables qui ne vont plus à l'école et qui vivent dans des ménages privés d'une alimentation et d'une sécurité suffisantes, en proie à l'anxiété ou à la dépression. En outre, la maladie peut aggraver la pauvreté au sein de tels ménages et les enfants peuvent subir des discriminations en raison de leur association avec une personne vivant avec le VIH/sida. Les enfants peuvent aussi devenir orphelins si leurs parents succombent aux maladies opportunistes liées au VIH/sida. Ainsi, l'enfant est dit orphelin simple s'il a perdu un seul de ses deux parents (le père ou la mère) ou double orphelin s'il a perdu ses deux parents. À cet égard, la maladie ou le décès d'un parent est toujours une source de crise pour les enfants survivants, qui risquent alors de se laisser gagner par l'anxiété et la dépression, d'avoir une éducation inadéquate et de s'exposer à la contamination par le VIH ou par d'autres infections, ainsi qu'à l'exploitation et à la maltraitance. Les orphelins et les enfants vulnérables subissent aussi des conséquences indirectes lorsque l'épidémie de sida en vient à perturber le fonctionnement de leur collectivité et les prestations que celle-ci leur fournit.

La situation des orphelins et des enfants vulnérables varie selon le contexte. Les interventions envisagées doivent être fondées sur des analyses de situation, de manière à tenir compte des réalités du terrain et à bien circonscrire les besoins locaux. Il importe d'accorder toute l'attention voulue à l'évaluation de l'incidence de l'épidémie sur l'enfant. Un rapport de l'Unicef (2006) indique qu'au plan mondial, l'Afrique subsaharienne abrite près des deux tiers des personnes vivant avec le VIH/sida. Cette région compte aussi 48 millions d'orphelins, y compris 12 millions dont les parents ont été emportés par l'infection à VIH. Cette épidémie touche de plus en plus les femmes, qui sont plus vulnérables que les hommes et qui peuvent être infectées bien plus tôt.

La mutilation génitale des femmes (MGF) figure parmi les plus graves menaces pour la santé des fillettes. Elle consiste en une ablation partielle des organes sexuels externes ou en d'autres lésions de l'appareil génital féminin pour des raisons liées aux traditions. Ce rite est pratiqué en général chez les fillettes âgées de 4 à 14 ans, de même que chez les nourrissons et les jeunes filles nubiles, et parfois chez les femmes enceintes de leur premier enfant ou relevant de couches. Il est effectué habituellement sans anesthésie par les tradipraticiens, les accoucheuses et les coiffeurs, à l'aide de ciseaux, de lames de rasoir ou de tessons. Cependant, dans certains pays, les personnels des services de santé sont de plus en plus associés à la pratique. Celle-ci semble en effet sortir progressivement des milieux traditionnels pour rentrer dans le giron des hôpitaux et des dispensaires, où elle est effectuée par des professionnels à l'aide d'instruments chirurgicaux et d'anesthésiants.

La mutilation génitale des femmes a un effet traumatique. Ses complications immédiates comprennent la sensation de douleurs atroces, l'état de choc, la rétention d'urine, l'ulcération des organes sexuels, les lésions, l'intoxication sanguine, l'infécondité et la pénibilité de l'accouchement. La survenue d'hémorragies aiguës peut provoquer la mort. La mutilation génitale des femmes est une violation du droit de la jeune fille (ou de la femme) au meilleur état de santé possible et à la préservation de son intégrité physique. À moins qu'elle ne s'impose pour des raisons médicales, cette pratique comporte de graves risques pour la santé des fillettes et des femmes. À cet égard, on ne saurait concevoir que des jeunes filles de moins de 18 ans puissent donner un consentement en connaissance de cause pour une pratique qui est manifestement en contradiction avec le principe d'accorder à l'enfant la possibilité de se développer sainement sur le plan physique tout en ayant accès à des services médicaux adéquats.

Certaines personnes pensent que la mutilation sexuelle préserve la virginité de la jeune fille ou empêche la jeune fille de se livrer à des actes immoraux. Cependant, il n'existe pas d'éléments concrets pouvant étayer de tels points de vue. Selon l'Unicef, les risques que la mutilation génitale présente pour la santé et le bien-être psychique des fillettes sont très préoccupants. La solution à envisager pour ce problème passe par une sensibilisation accrue à travers l'éducation du public, des professionnels des services médicaux et des praticiens de la médecine traditionnelle, avec le concours des collectivités locales et notamment de leurs dirigeants.

L'Unicef a également publié certaines données indiquant une amélioration progressive de certains aspects de la santé des enfants : le taux de mortalité chez les moins de cinq ans dans les pays en développement a baissé de 14 % sur le plan mondial entre 1990 et 2000 ; l'incidence de la poliomyélite a diminué sensiblement, passant de 350 000 cas en 1998 à 483 cas seulement en 2001 ; la carence en iode a été réduite de deux tiers grâce à une campagne mondiale d'iodation du sel ; les taux de vaccination sont demeurés stables tout au long des années 1990, avec une couverture de 70 % chez les enfants ; la planification familiale a connu un certain essor, avec plus de 700 millions de femmes utilisant diverses méthodes de contraception.

ISSA TOURE – Docteur en droit, magistrat hors hiérarchie